Interview de Christine « Coco » Decroix,
à la veille de la plus fabuleuse des tournées de Michael Jackson, le Bad tour.
J’ai rencontré Quincy à Los Angeles par des amis d’amis. Nous avons sympathisé. Je me suis installée là-bas pour apprendre l’anglais. Quincy m’a invitée à venir aux séances d’enregistrement de Bad. Quand j’ai entendu « I just can’t stop loving you », j’ai dit à Michael qu’il devrait la chanter en Français parce que c’est une langue harmonieuse qui convient à ce genre de mélodies romantiques. Quincy m’a proposé d’écrire le texte. Je l’ai fait et Michael l’a enregistré.
Quel est le titre en Français ?
« Je ne veux pas la fin de nous ». C’est destiné aux pays francophones. Michael a aussi enregistré une très belle version en Espagnol avec Ruben Blades pour les pays hispanisants. Après ça, je crois que Julio Iglesias va avoir des problèmes.
Comment ça s’est passé ?
J’ai d’abord écrit quelques phrases. C’était difficile, je n’avais jamais fait ça. Pour moi, c’était la première fois. Mon professeur d’anglais m’a demandé d’arrêter. « J’essaie de t’apprendre l’anglais », m’a-t-il dit, « et tu passes ton temps à écrire en français, ça t’occupe l’esprit, tu n’arriveras jamais à bien parler. » Je l’ai écouté, j’ai abandonné. Mais au bout d’un moment, Quincy m’a encouragé à continuer. Le texte a plu à Michael, on a commencé à enregistrer en Juillet. Puis il a fallu qu’il répète la tournée et on a fini l’enregistrement début Septembre. J’ai l’intention d’écrire d’autres textes pour lui. Si j’y arrive ! Il est question qu’il enregistre un disque avec quatre titres en français pour le marché francophone.
Michael comprend-il le français ?
Un tout petit peu. Il a surtout une très bonne oreille. Il répète instantanément sans accent. La chanson est plus émouvante en français. Il donne beaucoup plus, peut-être parce qu’il doit faire un effort d’attention.
Que dit le texte en français ?
Ça commence par « Je ferme les yeux ». Déjà, quand il a dit ça, on a tout compris. La musique est douce, sa voix est très sexy. Ensuite, ça fait : « Je me sens fiévreux, sans toi j’ai froid ». Je ne vous en dis pas plus. J’ai déjà trop parlé. Je vais demander à Quincy si vous pouvez l’imprimer.
Comment est Michael ?
Il est formidable. C’est un garçon extrêmement sensible et terriblement timide. Quand il ne connaît pas les gens, il n’ose pas leur parler. Il n’ose même pas les regarder. Ce qui fait que l’on peut croire en un premier temps que c’est un mufle. Alors que c’est tout le contraire. Au début, je pensais que je le dérangeais et que ma présence était de trop. C’est très embarrassant. Et puis, petit à petit, après m’avoir vu quelques fois avec Quincy, il a commencé à me regarder. puis il m’a dit bonjour. Il s’est habitué à moi. Il a besoin d’être en confiance. Quand c’est le cas, il est extrêmement attentionné, il s’inquiète toujours de savoir si tout se passe bien, si l’on est heureux. C’est le garçon le plus prévenant que j’ai jamais rencontré. Et ce qu’on ne sait pas, c’est qu’il a beaucoup d’humour. ça a été une expérience merveilleuse de travailler avec lui. C’est vraiment très étrange ce qui m’est arrivé.
Christine Decroix était présente au premier concert de Michael à Tokyo afin d’y faire sa propre promotion sur les conseils de Quincy Jones. A la fin des années 70 elle chantait dans un groupe Belge : « The Lovelettes« .